Les Grecs toussent, et c’est Wall Street qui s’enrhume ! Après les États-Unis, c’est le triple A de la France qui est en danger, menacé par le professeur Moody’s. L’inspecteur d’académie Baroin nous dit de ne pas nous inquiéter, qu’on apprend nos leçons tous les soirs et qu’on réussira le grand oral haut la (les) mains. Et pourtant, il suffit de mettre un peu le nez à la fenêtre pour sentir le parfum de l’arnaque.
Plus je m’informe et plus j’ai l’impression qu’on nous prend vraiment pour des neuneus. J’ai abordé récemment dans ces colonnes quelques aspects de la démondialisation préconisée par certains, mais c’est sur la mondialisation que je veux revenir quelques instants, histoire de vulgariser une situation économico-financière qui devient… de plus en plus vulgaire.
Le guide s’appelle toujours Robert Reich, ancien secrétaire d’état au travail de Bill Clinton et professeur à Berkeley (Politique Publique). Pour résumer, on nous rabâche les oreilles depuis quelques mois avec la situation tragique de la Grèce qui, au début, ne risquait absolument pas d’être en faillite, et qui aujourd’hui est de facto dans la mouise économique la plus totale (on a déjà évoqué ici les solutions préconisées par Paul Krugman, prix Nobel d’économie 2008). On évoque même ce jour que la moitié de sa dette (175 milliards d’euros) ne sera jamais remboursée à ses créanciers… les banques européennes (françaises et allemandes, surtout), qui lui ont prêté cet argent en premier lieu.
Mais il y a un autre aspect du problème que nos gouvernements estampillés EU semblent vouloir ne pas aborder. Comme le révèle Reich (c’est par ici), l’exposition de Wall Street à la dette totale dans la Zone Euro s’élève à 2,7 Trillions de dollars (2.700 milliards de dollars). La part de cette exposition qui concerne uniquement la France et l’Allemagne représente la moitié de cette somme ! Ce qui explique que Timothy Geithner, le secrétaire d’état au trésor américain et ancien de Goldman Sachs, incite si ardemment l’Union Européenne à renflouer la Grèce.
Par conséquent, si la Grèce fait défaut – ou tout autre pays européen auxquels les banques françaises et allemandes ont prêté (beaucoup) d’argent (Italie, Espagne, etc.) -, le tsunami financier toucherait Wall Street, après avoir anéanti la Zone Euro. L’époque pas si lointaine de la faillite de Lehman Brothers en 2008 et le tremblement de terre financier qui en suivit (Bailout de 800 milliards de dollars nécessaire pour renflouer les institutions financières américaines, avec l’argent des contribuables) serait assimilée au « Bon Vieux Temps ». Si à Las Vegas, la Maison (entendez le Casino) gagne toujours, à Wall Street (et dans les bourses en général), c’est la banque qui gagne à chaque coup.
Alors, que font nos décideurs en attendant? Ils rafistolent le navire avec des bouts de ficelle pour éviter qu’il ne coule au lieu de rentrer au port pour réparer, quitte à abandonner la cargaison. Quoi qu’il arrive, la cargaison est foutue. En attendant, l’armateur a souscrit des assurances auprès de tous ceux qui ont cru voir là une bonne opportunité de se faire un peu d’argent facile, contribuables compris. Quoi qu’il en soit, ses caisses seront renfloués. Comme celles de nos si chères banques.
Analogie marine un peu neuneu, dites-vous ? Et vous auriez raison…